Présentation

« L’interdisciplinarité appartient à la définition même de l’archéologie. Pour interpréter ses données, l’archéologue a besoin des autres. Il n’est d’ailleurs pas le seul ; mais lui le sait et le revendique ». Si, de fait, la collaboration interdisciplinaire est nécessaire et courante pour l’interprétation des données archéologiques, il n’en est pas de même pour ce qui concerne leur gestion et leur conservation selon les principes de l’archivistique. Pourtant, une collaboration avec des archivistes est essentielle au cours et à l’issue des programmes de recherche afin de permettre la bonne conservation des données tout au long de leur cycle de vie et constituer le patrimoine archivistique futur.

La première édition des Journées « Archives de l’archéologie française à l’étranger », qui se sont tenues à Athènes du 21 au 23 mai 2024, ont eu pour thème « De l’inaccessibilité des documents à la réutilisation des données ». Elles ont permis de faire ressortir certains points d’attention, mais aussi des axes de collaboration souhaitables entre les différents acteurs de la recherche. Ces journées 2024 ont montré qu’il est désormais temps de mieux définir les formes et temporalités de cette collaboration afin que le tournant numérique n’entraîne pas la disparition des archives de l’archéologie française à l’étranger.

Axe 1 : Quelles collaborations pour la conservation des archives dans un contexte national et international ?

Dès la formalisation d’un projet, la collaboration et le dialogue entre tous les acteurs concernés apparaissent essentiels pour garantir une gestion efficace et une accessibilité optimale des archives, numérisées ou nativement numériques. Cette coopération s’opère à différents niveaux : archivistes et producteurs de données, responsables de mission et référents données, archéologues et spécialistes (experts en humanités numériques, juristes …). L’entrelacement de plusieurs services d’archives, institutions (Écoles françaises à l’étranger, instituts français de recherche à l’étranger, universités ou service archéologique des pays hôtes), ministères (Ministères de la Culture, des Affaires Étrangères, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche…), de plusieurs pays (France et étranger), législations (droits nationaux et droit international) et statuts (archives de missions archéologiques à l’étranger, données de la recherche…), rend encore plus indispensable ces collaborations. Seuls les échanges entre services d’archives historiques et équipes de recherche permettent de restituer, grâce au numérique, leur intégrité intellectuelle aux fonds et collections dispersés.

Le dialogue doit pouvoir dépasser les relations interpersonnelles pour créer un cadre formalisé, avec des outils harmonisés, interopérables, reproductibles, interrogeables, automatisables et récents que chacun peut créer collectivement ou s’approprier, afin de faciliter l’accessibilité, le partage et la réutilisation des données et des archives.

Axe 2 : Quelle éthique des pratiques de collecte et de sélection des archives ?

L’archivage doit désormais être systématiquement pensé au plus tôt comme une étape indispensable de la recherche archéologique afin de garantir la qualité de l’enregistrement des données acquises et donc des recherches, mais aussi de permettre leur exploitation future. Les archives ne disparaissent pas mais les évolutions de leurs matérialités, induites par le numérique, font ressortir avec une grande acuité les problèmes liés à leur fragilité dans le temps.

 Dans un contexte de production en forte croissance, la question de la sélection des données apparaît comme cruciale, alors même que les services d’archives définitifs semblent aujourd’hui ne pouvoir accueillir qu’une infime partie des données issues de la recherche archéologique.

Ainsi, afin de définir des pratiques raisonnées de collecte, de sélection et de classement, il faut engager une réflexion commune entre les services d’archives définitifs, les responsables scientifiques et les acteurs des pays hôtes. Les archives de l’archéologie documentent des sites en danger, disparus (aussi par la pratique même de l’archéologie) ou inaccessibles : comment définir des critères de tri objectifs et qui doit en être responsable ?

Axe 3 : Dans quelle mesure la conservation des archives peut-elle contribuer à la protection du patrimoine archéologique ?

Les archives prennent une valeur fondamentale dès lors qu’il s’agit d’empêcher les pillages ou les ventes illégales d’objets archéologiques, et de permettre les restitutions. Elles jouent un rôle fondamental pour administrer la preuve de provenance et établir le caractère illicite de la circulation de certains objets. Elles peuvent à la fois permettre d’alerter les autorités locales sur la dégradation d’un site archéologique et devenir supports de médiation, permettant de sensibiliser ou mobiliser l’ensemble des acteurs sur le devenir de ces sites. Cette valeur patrimoniale ne pourrait-elle pas être un levier pour améliorer les conditions de conservation et consultation de ces archives, que ce soit dans les pays concernés ou en France ? Le partage des archives conservées par la France et les pays hôtes peut-il servir à la protection du patrimoine culturel, malgré les contraintes juridiques (différences entre le droit français, européen, international) ? Comment la collaboration pour la communication des archives entre la France et les pays hôtes pourrait-elle être un levier pour participer à la lutte contre le trafic des biens culturels ? Comment articuler les actions des différents réseaux professionnels et interprofessionnels au niveau local, national (Masa+, AAF, ResEFE…) ou international (ICOMOS, ICA, INTERPOL…) pour que les communautés locales puissent s’en saisir et mieux protéger leur patrimoine ?

Ces trois axes de réflexion se trouveront au cœur de ces journées de l’Archéologie française à l’Étranger, au cours desquelles nous souhaitons envisager des pistes d’actions et formuler des propositions concrètes sur les formes que pourraient prendre les collaborations pour améliorer et sécuriser la conservation des données et archives produites tout en améliorant leur diffusion et leur valorisation.

Modalités de contribution

Vous êtes invités à envoyer vos contributions s’inscrivant dans les axes précités (maximum 2000 signes, suivis de 5-6 mots clefs et de 3 lignes maximum de biographie), en français ou en anglais avant le 27 juin 2025.

Les communications retenues seront annoncées mi-septembre.

   

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